[Chronique - De quoi le sexe est-il la vérité ?]

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De quoi le sexe est-il la vérité ?


Nos goûts sexuels, nos attirances en termes de types de partenaires – types à la fois physiques et comportementaux – et de catégories de pratiques, nos désirs, nos fantaisies, nos limites, nos dispositions à expérimenter… disent-ils quelque chose de notre personnalité ; sont-ils révélateurs d’une âme profonde, autrement limitée dans ses modalités d’expression ?

Sont-ils figés (et à partir de quel moment le seraient-ils ?) ou bien évolutifs (et alors, en fonction de quels événements de la vie du sujet, selon quelles modalités ?).

La perspective psychanalytique pose que des fondations sont assez précocement établies, qui structurent notre sexualité de manière relativement intangible. Mais en ce temps de valorisation du mouvement et de l’adaptation du sujet au nouveau, cette fixité semble assez peu recevable, marquée par un conservatisme suspect.

Pour autant, s’il est un domaine où il est difficile, et foncièrement éprouvant, de « forcer sa nature », c’est bien par excellence celui du sexe. Toute l’énigme de la sexualité tient bien dans cette variation de l’établi et de l’inédit. Et là encore, cette variation est anthropologiquement variable …

Elle est fonction – au-delà de la question du permis (les règles se transgressent, et c’est même un des moteurs de l’érotisme …)-, des possibilités-même de conscientisation de soi comme sujet en mouvement.

Pour le dire autrement, la possibilité d’innovation dans l’imaginaire sexuel du sujet est fonction du caractère holiste plus ou moins prononcé de la société dans laquelle il vit. Mais ne tombons pas dans la facilité de la glorification béate de l’individualisme, lequel serais-je enclin à penser n’est peut-être dans nos sociétés qu’un leurre ; nos possibilités d’être nous-mêmes étant orientées par le souci de « démontrer » une permissivité alors finalement très relative…

Bornée par l’interdit ou déployée par l’injonction à la permissivité, la vérité de l’instant érotique est toujours une réalité paradoxale, à la fois incontestable et trouble. Elle procède d’une authenticité du sujet qui ne s’anime qu’à l’interface de l’intra-psychique et du social.